- PINNIPÈDES
- PINNIPÈDESAu sens littéral, les Pinnipèdes sont des Mammifères à membres palmés ou, plus exactement, terminés en palettes natatoires. Cela ne suffirait pas à les distinguer des Cétacés, dont les Pinnipèdes se différencient pourtant de façon évidente: absence de nageoire caudale et d’aileron dorsal; en revanche, développement important des membres postérieurs, grâce auxquels, contrairement aux Cétacés, ils peuvent aller à terre. On les y rencontre, de fait, lors des rassemblements sexuels qui permettront la reproduction.Ils sont donc amphibies, contrairement aux Cétacés, et c’est là une trace indiscutable de leur moindre degré d’inféodation à la vie aquatique. Dans le milieu marin où ils vivent, ils représentent une radiation adaptative du vaste ensemble des Carnivores, qui comprend par ailleurs des formes terrestres, actuellement dénommées Fissipèdes. Selon Muizon, cette adaptation a eu lieu à partir de deux groupes différents de Carnivores terrestres, l’un donnant naissance aux Otaries, l’autre aux Phoques et Morses.AnatomiePhoques, Otaries et Morses possèdent les caractères généraux des Carnivores (denture, particularités du squelette de la tête), mais leur adaptation à la vie aquatique correspond à un certain nombre de traits anatomiques particuliers qui les séparent des Fissipèdes.Leur tête (cf. figure) est remarquable par l’aplatissement du crâne qu’un cou ramassé relie à une large cage thoracique; leurs membres, dont le segment proximal est très réduit, sont transformés en nageoires. L’allure générale du corps est ainsi fusiforme. On note d’autres particularités liées à la vie dans l’eau: les yeux occupent une position relativement haute sur le crâne, les oreilles sont réduites, les narines, en forme de fentes, ne s’ouvrent que par un effort volontaire de l’animal pour l’inspiration de l’air. Enfin, l’adaptation physiologique à la plongée marque profondément l’anatomie de l’appareil circulatoire: la veine cave postérieure est dilatée au-dessous du diaphragme en un vaste sinus pourvu d’un sphincter; les nageoires contiennent des «réseaux admirables» (retia mirabilia ) constitués par des capillaires intercalés sur le trajet des artères. Le rôle de ces derniers dispositifs est encore mal élucidé, mais il faut noter qu’on les retrouve chez les Cétacés. Au cours de la plongée, qui peut durer jusqu’à vingt minutes, le rythme cardiaque s’abaisse de cent à dix pulsations par minute, une intense vaso-constriction périphérique intervient, mais le cœur et le cerveau continuent à être irrigués normalement. Le sinus hépatique constitue une importante réserve de sang oxygéné libéré «à la demande» par relâchement du sphincter.Au total, durant la plongée, seuls les organes essentiels sont irrigués normalement. De plus, la grande tolérance à des teneurs élevées en C2 sanguin, le pouvoir oxyphorique exceptionnel des hématies permettent à l’animal d’effectuer un effort prolongé sans apport d’oxygène extérieur.La reproduction est influencée, bien entendu, par la vie amphibie. La gestation est prolongée, chez tous les Pinnipèdes, par un retard à la nidification de l’œuf, ce qui permet une coïncidence entre les rythmes migratoires éventuels et ceux de la reproduction.Le jeune, quand il est pourvu à la naissance d’un pelage laineux, effectue une mue précoce avant d’aller à l’eau. Chez Phoca vitulina , cette mue s’effectue même in utero . La période de lactation est très courte, le lait est d’une particulière richesse en matières grasses et protéiques. Aussi le jeune devient-il très rapidement indépendant de la mère.Biologie et écologieLe Phoque veau marin (Phoca vitulina ) est relativement sédentaire, ce qui n’est pas du tout le cas général. Il fréquente les côtes du nord de l’Europe et du Canada.Parmi les espèces migratrices, l’Otarie à fourrure (Callorhinus ursinus ) passe l’hiver le long des côtes du Pacifique où elle atteint la latitude du Mexique. En été, tous les individus se rassemblent aux îles Pribilof dans la mer de Béring. Les premiers mâles arrivent début mai, et en juin toute la population masculine est rassemblée. Les individus se livrent des combats acharnés pour délimiter leur territoire individuel. Dès la mi-juin, les femelles pleines commencent à arriver, les mâles se constituent alors des «harems» contenant jusqu’à quatre-vingts «sultanes» pour un «pacha». Les jeunes femelles vierges, arrivées les dernières, sont incorporées aux harems et fécondées dès qu’elles entrent en rut. Vers la mi-août, les groupes se dissocient et commencent leur migration vers le sud. De nombreuses espèces d’Otaries et de Phoques ont un comportement migrateur et sexuel analogue, à des détails géographiques et saisonniers près.Les Pinnipèdes ont une alimentation essentiellement piscivore. Cependant, certaines espèces comme le Léopard de mer (Hydrurga leptonyx ) sont très carnassières, dévorant de jeunes Phoques des autres espèces, des Manchots, etc.Les Morses se nourrissent surtout de Mollusques, tout en ne dédaignant pas Phoques et Narvals à l’occasion.Les mers polaires sont les plus riches en espèces, mais, à l’exception de l’océan Indien, toutes les mers ont leur population, plus ou moins abondante, de Pinnipèdes.En Méditerranée et dans la mer Noire, le Phoque moine (Monachus monachus ) n’est pas très rare. Certains grands lacs n’en sont pas dépourvus. Le lac des Phoques près de la baie d’Hudson possède des Phoques veaux marins; une espèce voisine peuple les lacs Baïkal et Ladoga, ainsi que la Caspienne et la mer d’Aral, mers fermées.En général, les Otaries sont surtout présentes dans les mers australes, tandis que la plupart des phoques sont arctiques; mais il y a de nombreuses exceptions.Les Morses, pour leur part, sont exclusivement arctiques.Leur principal ennemi, comme celui de beaucoup d’autres animaux, est l’Homme. Des tribus d’Esquimaux dépendent presque entièrement des Phoques desquels elles tirent nourriture, outillage, habitation et vêtement. Les espèces à fourrure comme l’Otarie Callorhinus ursinus ont été décimées par les chasseurs. De plus, les Orques parmi les Cétacés, les Ours blancs et les Loups parmi les Carnivores sont de redoutables ennemis pour certains Pinnipèdes.SystématiqueOn distingue trois familles bien caractérisées:– Les Otariidae ou Otaries, qui ont des oreilles externes et un scrotum; leurs membres postérieurs participent à la locomotion terrestre; leur formule dentaire est: I 3/2, C 1/1, Pm 4/4, M 2/1. Les Otaries forment deux groupes: les Otariinae ou Lions de mer, dont les adultes ne présentent pas de fourrure (exemple: genre Zallophus ) et les Arctocephalinae ou Ours de mer, chez lesquels les adultes ont une fourrure (ex.: genre Callorhinus ).– Les Odobenidae ou Morses, qui ont des oreilles externes et un scrotum; leurs membres postérieurs participent à la locomotion terrestre et leurs canines supérieures sont développées en défenses; leur formule dentaire est: I 3/3, C 1/1, Pm 4/4, M 1/1-0. Genre unique: Odobenus .– Les Phocidae ou Phoques, qui n’ont ni oreilles externes ni scrotum; leurs membres postérieurs sont constamment dirigés vers l’arrière et ne participent pas à la locomotion terrestre; leur formule dentaire est I 3-2/2-1, C 1/1, Pm 4/4, M 1/1. Les Phoques se répartissent en quatre sous-familles et une dizaine de genre (ex.: genres Phoca , Monachus , Lobodon , Mirounga ...).• 1823; du lat. pinna « nageoire » et -pède♦ Zool. Ordre de mammifères adaptés à la vie aquatique, à corps fusiforme protégé du froid par une épaisse couche de graisse. ⇒ 1. morse, otarie, phoque. — Au sing. Un pinnipède.pinnipèdesn. m. pl. ZOOL Sous-ordre de mammifères carnivores marins dont les membres ont évolué en palettes natatoires (otaries, phoques, morses).— Sing. Un pinnipède.⇒PINNIPÈDES, subst. masc. plur.ZOOL. Ordre de Mammifères carnivores amphibies, d'aspect fusiforme, à oreilles externes réduites ou absentes, aux membres à segments proximaux très courts, aux doigts longs et palmés ressemblant à des nageoires, qui comprend les Otaries, les Morses et les Phoques. [Les clavicules] ont disparu presque toujours chez (...) les Pinnipèdes (E. PERRIER, Zool., t.4, 1932, p.3401). Les Pinnipèdes sont pratiquement distribués dans toutes les mers, à l'exception de l'océan Indien; ils sont également présents dans les grands bassins intérieurs (mer Caspienne, mer d'Aral) (Encyclop. Sc. Techn. t.8 1972, p.921).— Au sing. Animal appartenant à cet ordre. À ce moment je vois sur le sable, à cinq ou six mètres de la mer, une petite boule grisâtre qui remue. C'est un jeune phoque (...). Tous nous caressons le jeune pinnipède, qui semble avoir été placé en cet endroit pour nous souhaiter la bienvenue (H.-Ph. D'ORLÉANS, Chasses arct., 1911, p.17).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1823 (BOISTE Hist. nat.). Formé des élém. pinni- (tiré du lat. pinna «plume, nageoire») et -pède.
pinnipèdes [pinipɛd] n. m. pl.❖♦ Zool. Ordre de mammifères placentaires adaptés à la vie aquatique, à corps pisciforme couvert d'une fourrure. ⇒ 1. Morse, otarie, phoque. — Au sing. || Un pinnipède.
Encyclopédie Universelle. 2012.